RESUME DES EPISODES PRECEDENTS
Le manque de matériel roulant sur notre
ligne est criant, désespéré, dramatique. Les
touristes sont parfois transportés en bus, les groupes sont
annulés à tour de bras, il n'y a plus (ou presque) de
trains spéciaux depuis belle lurette, et pour les usagers du
quotidien, la situation n'est pas meilleure : La Canca et le Conseil
Général doublent la ligne par des cars et des bus
modernes et moins chers, et malgré ça, les CP entassent
encore leurs clients à 75 dans des trains de 50 places. Il n'y a
plus de clim' en été, un chauffage défaillant en
hiver, des horaires précis, mais à la merci de la moindre
défaillance (et elles sont de plus en plus nombreuses).
Que reste-t-il au train, me direz-vous ? Il est
plus rapide qu'un bus, plus écologique et plus sûr
(surtout en montagne !). Mais surtout, il peut, à tout moment,
redevenir un atout majeur de développement régional et un
moyen performant de transport, si les investissements arrivent. Pour le
moment, on en est loin.
On peut reprocher au gestionnaire public (SYMA)
d'avoir été d'un laxisme incroyable pendant trente ans,
et de s'être réveillé tardivement (2005). On peut
également reprocher à l'exploitant (CFSF) de limiter ses
propres investissements au minimum, et de tout mettre sur le dos du
SYMA. On peut reprocher à la maison mère de l'exploitant
(Véolia transports) de n'avoir aucun intérêt
à ce que le train se développe en banlieue de Nice,
puisque les bus "concurrents" (Lignes d'Azur) lui appartiennent
également. On peut reprocher à la mairie de Nice
d'étouffer les Chemins de fer de Provence depuis des lustres (le
dernier à défendre ce train était Jean
Médecin - le père). On peut reprocher au Conseil
Général, à la Région d'avoir
transformé les transports publics en arène politique
(trains de gauche, cars de droite...) au motif débile d'un
argument électoral redevenu à la mode, au
détriment d'une quelconque harmonie des tarifs et des
correspondances. On peut enfin, reprocher à l'Etat
français de délaisser le rail en général et
les Chemins de fer de Provence en particulier, au point de ne
même pas payer ses dettes.
On ne peut pas reprocher aux populations d'aller au
moins cher des transports, tout un chacun ayant ses propres
difficultés économiques à gérer. On ne peut
pas reprocher non plus, aux associations de défense des CP, de
faire bien plus que leur part, en proposant des solutions, en faisant
des études (bénévolement) et en portant cette
ligne à bouts de bras, l'ayant sauvé plusieurs fois de la
fermeture pure et simple. Et on ne peut surtout pas reprocher aux
Cheminots de Provence de ne pas faire leur boulot, et bien plus souvent
par respect du "service public" que pour leur paye.
Il y a eu un réveil douloureux (pour nous)
du SYMA en 2005 : Il faut des autorails pour rouler. Et le SYMA,
bientôt la Région, ont finalement compris que faire
miroiter deux autorails neufs à l'échéance
2007/2008 ne calmerait pas les esprits, et ne résoudrait pas
tout, loin s'en faut. Alors le SYMA a entamé une bien tardive
recherche de matériel d'occasion. Désillusion et gueule
de bois ! Nos voisins ont, soit supprimé les lignes
métrique depuis longtemps, soit rénové leur parc
jusqu'à l'électrification.
En 2006, il ne reste sur le marché que quelques autorails
adaptables mais dans un état pitoyable, ou du matériel
trop "neuf" pour pouvoir rouler sur une voie qui a encore des rails
d'origine, trop vieux et trop légers.
Exit, donc, la piste grecque, les rames polonaises
et le catalogue du revendeur CFG. Rien ne va. Rien ne va plus...
Aujourd'hui, les décideurs déterrent
nos vieilles charrettes pour en faire du neuf. Après le
"boulet" (voir article UN TRAIN PAS COMME LES AUTRES) qui nous promet
de longues soirées d'hiver, ce seront donc les autorails Renault
qui reprendront du service.
GRAND-MERE NOUS SAUVERA TOUS !
C'est décidé, les autorails Renault
ABH 1 N° X-322 (ex-ZZ22) et X-326 (ex-ZZ6) vont à nouveau
fréquenter la ligne, après quelques années de
retraite pourtant fort méritée. Selon que vous soyez un
puriste, un amateur de vieilles choses ou un usager lambda, cette
nouvelle peut, a priori, vous attrister, vous réjouir ou vous
laisser dans une profonde perplexité. Quant aux "jeunes", qui,
comme moi, n'ont pas ou peu connu ces grands-mères du rail, une
petite visite guidée s'impose.
La Renault X-322 :
La série Renault ABH est
directement dérivée de la
série ABJ à voie normale, de la même époque.
Cette fabrication soignée,
la caisse en aluminium et la robustesse de l'ensemble expliquent leur
exceptionnelle longévité. Il faut remonter au
8 octobre 1934 pour trouver trace de la commande de cet autorail,
numéroté ZZ-2 lors de sa livraison le 22 février
1935. L'automotrice est l'unique survivante de la première
série des premiers autorails CP. Elle sera
modernisé en 1959 (renuméroté ZZ-22) et son moteur
porté à 330 chevaux (1967). Rénovée
à nouveau en 1989, elle terminera provisoirement sa
carrière en juin 2000, suite à un problème
d'embrayage. Elle est depuis "en attente de réparation".
La RENAULT X-326 :
La ZZ-6 est née (et réceptionnée par les Chemins
de fer de Provence) le 12 novembre 1936. Equipée d'origine d'un
moteur diesel de 265 chevaux, d'une capacité de 58 places
(depuis 1973) l'automotrice est la dernière survivante d'une
série de 4 exemplaires (ZZ-3 à 6). Entre 1942 et 1944,
elle sera équipée d'un gazogène, puis remise ne
état d'origine. En 1949, son moteur passera d'une puissance de
265 à 300 chevaux, puis à 330 chevaux dans les
années 60. Gravement accidentée par un
déraillement suite à une coulée de boue (13
juillet 1981), elle sera remise en service en mars 1984 après
avoir subi une rénovation complète. Elle terminera
(provisoirement, donc) son service en septembre 2001, suite à un
problème de transmission.
Il n'est pas question pour les décideurs de
remettre en service "en l'état" ces autorails hors d'âge.
Néanmoins les limites du financement - comme toujours -
supposent des choix discutables, que je discute, bien évidemment.
Bonne nouvelle, et les cheminots ont
insisté, il n'est pas question de refaire la même
ânerie que pour la Rame réversible, à savoir
conserver cette imbécile limite de vitesse à 60 km/h.
Donc, plutôt que de partir sur un projet d'autorail "à
vision panoramique", qui avait au départ la faveur des
décideurs, les Chemins de fer de Provence vont s'orienter
plutôt vers le changement des bogies, qui permettront - on
l'espère - à nos vénérables autorails
d'atteindre la fabuleuse vitesse de 85 km/h autorisée sur une
partie de la ligne. Dommage pour la vision panoramique, mais on s'en
passera.
La motorisation va être entièrement
changée, pour la grande joie des conducteurs qui ne seront plus
obligés de s'asseoir "sur" le moteur avec les
inconvénients que l'on imagine. Il en va de même pour les
aménagements intérieurs, et, on s'en doute, la peinture
(Ah ! Cette peinture qui fait tout !). On suppose également que
la caisse prendra un coup de jeunesse, ne serait-ce que pour ne pas
faire fuir les clients !
Enfin, élément très
discutable, que je ne manquerai pas de rappeler, il n'est pas
prévu de climatisation. Un moteur auxiliaire coûterait
trop cher... En plein mois d'août, on approche des 60°
dans un autorail non climatisé. Je ne pense pas qu'il s'agisse
ici d'un confort superflu...
Finalement, cette réfection des autorails
Renault est un moindre mal. Si cette solution met en exergue le
pitoyable état du réseau, obligé de se rabattre
sur des autorails qui ont plus de 70 ans (!), le programme de
rénovation prend en compte les besoins réels du
réseau. Et puis, tout compte fait, les Renaults ont
été conçus bien plus sérieusement que tout
ce qui a été acheté par la suite...
William Waechter
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OCCASIONS DISPONIBLES
(catalogue CFG)
Loco Neuve

... trop lourde
Autorail d'occasion

... trop peu puissant
Loco neuve

... trop lente
Autorail d'occasion

... trop vieux
Voiture d'occasion

... trop... Trop quoi, au fait ?
INADAPTES... MAIS SUR LE RESEAU CP !
Loco Henschell BB-1200

...trop lourde !
Loco Brissonneau T-66

... trop lente !
LES AUTORAILS RENAULT
X-320

En réserve à Digne, petite capacité (ABH 5)
X-322

Ici à Touët en 1990
(photo José Banaudo)
X-326

ici à Nice en 2005 |