On se demande vraiment si la Région
PACA s'intéresse à la ligne des Chemins de fer de Provence autrement
qu'en périodes électorales...
- -> Gestionnaire de la ligne
depuis janvier 2007 - 16 mois ont tout de même passés - elle n'a pas
encore daigné amorcer le moindre coup de pioche du fameux "plan de
modernisation 2007-2013" annoncé avec tambours et trompettes en 2006.
- ->
Pire : La première décision de déblocage partielle de budget a eu lieu
le 5 février... 2008, pour de sempiternelles "études" (comme si celles
accumulées depuis 40 ans n'avaient servies à rien).
- -> Encore
pire : Le reliquat du précédent "plan de modernisation 2000-2006" de
feu le SYMA (ancien gestionnaire), qui n'a servi qu'à faire du
replâtrage de tout ce qui s'écroule, n'a pas pu être dépensé en six
ans. Le solde devait être dépensé en 2007. Aucun des travaux prévus, ou
presque, n'a été entrepris.
Cet immobilisme interroge tout le monde,
à commencer par le Syndicat des Cheminots de la Provence, très inquiet,
qui a demandé à la Région le 15 avril ce qu'il en était.
Forts
des réponses de la Région, de la liste des travaux prévus en 2007, et
des interrogations légitimes de tout ceux qui se sentent concernés par
ce train, nous pouvons faire le point.LES TRAVAUX DE 2007
LE RENOUVELLEMENT DES RAILSD'emblée, on atteint des sommets d'aberration dans ce domaine. Ca va donner le ton.
Les
rails sont dans un état de vétusté telle que 22 ralentissements sont
directement concernés par le mauvais état de la voie, tout au long des
150 kilomètres de la ligne (voir le tableau en fin de page). Or, un
seul a été supprimé le 27 octobre 2006. Depuis... Rien.
En 2007, le
plan de modernisation prolongé 2000-2006 prévoyait de refaire 8
kilomètres de voies avec des rails de réemploi (en général, de vieux
rails PLM du XIXème siècle - oui, il n'y a pas de faute de frappe...),
afin d'atteindre 85% des objectifs. Quelle ambition!!!
Las. On attend toujours cette splendide modernisation.
Le
15 avril 2008, la Région indique (sans rire) que ces 8 kilomètres
seront lancés "prochainement" pour des travaux terminés en... Avril
2009 (toujours pas de faute de frappe, je vous le jure...). On en sera
tout de même à "échéance + 3 ans" pour 8 malheureux kilomètres...
Les
représentants du syndicat, qui ont parfois un côté naïf assez touchant, ont
demandé si le remplacement des rails se fera par des rails neufs.
Voici la réponse de Bertrand Wolkowitsch (Direction des Transports), accrochez-vous bien : "le matériel de récupération n'est pas imposé dans l'appel d'offres".
En
d'autres termes, l'appel d'offres ne porte que sur le prix, et il est
fort à parier que l'occasion coûtera moins cher que le neuf au
kilomètre. Non?
Le syndicat trouve la réponse déplorable, je pense
pour ma part ne pas trouver de mots assez forts pour qualifier l'attitude de la Région sur ce point.
Une autre curosité est l'évolution financière de ces dépenses...
Le
13 octobre 2006, le renouvellement de 8 km de voies et la pose de huit
aiguillages (5 à St-Martin, 3 à Lingostière) coûtait 2.1 millions.
Le
15 avril 2008, le renouvellement de 8 km de voies, la pose de trois
aiguillages (à Lingostière) et la mise en place de garde-corps coûte
4.5 millions.
Problème: Le prix de l'acier (d'occasion) a-t-il
triplé en un an et demi, ou bien les garde-corps sont-ils prévus en or
massif incrusté de diamants???
LA REFECTION DES GARESEn
2007, étaient prévues la réfection de la gare de la Madeleine (130.000
euros de l'époque) et la halte de Saint-Sauveur/Carrefour (100.000
anciens euros).
Pour la Madeleine, nous avions entendu parler du
goudronnement et de la mise en éclairage du quai 1 (actuellement en
terre mal battue), du nettoyage du quai 2 et surtout de l'installation
d'abris (genre abri-bus, des trucs qui doivent valoir une fortune sur
le marché des cépés...) car l'existant à été réquisitionné et muré pour
le block automatique (on en reparle plus bas...).
En 2008, nous
avons le plaisir de vous annoncer que la Région trouve la situation
inacceptable. Quelle joie de le savoir, quand, depuis deux ans, on se
prend la pluie à chaque averse, en attendant le train dans une gare qui
n'offre aucune possibilité de se réfugier à l'abri.
130.000 euros
budgétisés (donc disponibles) pour l'achat de deux abris-bus (car il ne
faut pas espérer mieux), deux ans d'attente, oui, en effet, c'est
inacceptable! Mais nous, usagers de troisième classe de la ligne
Nice-Digne, on accepte (de moins en moins) l'inacceptable au quotidien
depuis 40 ans, et pas seulement à la Madeleine...
Quant à
Saint-Sauveur, silence radio... La halte est inadaptée, sale, lugubre,
pas éclairée, et surtout dangereuse, mais au moins, au moindre
accident, les responsables et coupables seront très vite désignés.
100.000 euros sont déjà prévus... Pour indemniser les victimes?
LE BLOCK AUTOMATIQUEElément
nécessaire pour faire passer l'exploitation des 24 premiers kilomètres
de la ligne du XIXème au XXIème siècle, l'automatisation des
croisements sur voie unique était prévue pour (successivement):
- l'été 2006
- Le printemps 2007
- Octobre 2007
- Février 2008
- (mettez ici la date que vous voulez)
En
attendant, rendons une fois de plus grâce au professionnalisme inégalé
des Cheminots de Provence, qui arrivent à faire circuler 44 trains par
jour (22 rotations, 5 jours sur 7) sur 24 kilomètres de voie unique,
avec pour seule aide la radio et le téléphone, sans aucun incident.
Même les cheminots SNCF ont du mal à le croire.
Finalement, l'automatisation de cette section a-t-elle d'autres destinées que de supprimer des emplois?LE PLAN 2007-2013
LA RENOVATION DES VOIES ENTRE NICE ET PLAN-DU-VARSur
les 24 kilomètres du tronçon "urbain niçois", où sont concentrés 70%
des déplacements quotidiens (pas de tourisme ici), le renouvellement de
la plate-forme et des voies, en rails lourds et neufs, a été prévue
dans le nouveau plan. Et c'est un minimum, sachant que les futurs
autorails, de poids normal, seront incapables de se déplacer
correctement sur des rails légers, vieux de plus d'un siècle. L'idéal -
et la logique - aurait été de renouveler l'intégralité de la voie de
Nice à Digne avant l'arrivée des autorails, soit au printemps 2009
(dernières dates connues).
Le syndicat a donc demandé quand les travaux débuteront... et se termineront...
Voici les réponses:
- La collecte des données sur les ouvrages d'art et la voie sera terminée fin mai.
-
Une réunion (Syndicat/Région) sera organisée début juin pour "une
première réponse sur le diagnostic et pour discuter des méthodes à
retenir de ces éléments et pour hiérarchiser les interventions".
-
Concernant la fin des travaux, la Région a tout de même l'audace
d'ajouter que "la voie ne sera pas refaite avant l'arrivée du matériel
neuf et qu'en conséquence, ce matériel roulera à vitesse réduite sur
certains tronçons".
Inique ! Incroyable ! Hallucinant !!! La Région
admet, en d'autres termes, que l'arrivée du matériel neuf aura un
objectif purement décoratif (mise à part la jouissance pour les officiels de
couper le ruban et de paraître dans Nice-Matin...).
Car on sait très
bien, depuis le passage éclair du boulet bleu (la rame réversible), ce que signifie du matériel incapable de rouler à vitesse
normale sur voie unique: retard assuré pour tous les trains. Alors, que
va faire la Région en 2009? Baisser une nouvelle fois la vitesse
moyenne de tous les trains? Transformer les autorails neufs en
jardinières, le temps que le renouvellement de la voie soit terminé?
Elle est belle, tiens, la modernisation sauce cépés...
LES PASSAGES A NIVEAU SUR LA LIGNE URBAINELa
modernisation et la sécurisation d'une voie ferrée, chez la grande
soeur SNCF, passe nécessairement par la suppression des passages à
niveau. On en parle, au moins, là-bas... Par chez nous, nous en
sommes loin. Nous réclamons à grands cris, simplement, que les passages
à niveaux soient... conformes aux lois; ce qui est loin d'être le cas.
Il
existe une réglementation routière comme une réglementation
ferroviaire. Or l'une ou l'autre, voire les deux dans certains cas, ne
sont pas appliquées.
Donc voici les cas, de Nice à Plan-du-Var (la priorité de la Région étant justement cette section):
-
Rue Dabray, rue Gutemberg, rue Cros-de-Capeù (Nice centre):
Signalisation avancée routière correcte, mais pas de barrières (feux
tricolores), signalisation ferroviaire par feux tricolores (vert,
orange, rouge)!
Je n'ai jamais vu, dans une réglementation
ferroviaire, l'obligation pour un conducteur de trains de répondre à
des feux tricolores... A moins que, pour les cépés, on demande au
mécanicien de passer le permis B???
Pour ces trois rues, le minimum
(légal) serait une signalisation routière renforcée (feu rouge
clignotant, rafraîchissement des panneaux "attention aux trains" et
croix de saint-andré qui sentent bon les années '70 - et la rouille qui
va avec), et une signalisation ferroviaire pour les trains...
-
Carrefour des rues Gambetta, Joseph Garnier, boulevard de Cessole (Nice
centre): D'accord, le train déboule d'entre les immeubles et traverse
le carrefour en diagonale; mais il était là avant l'urbanisation du
quartier, non? Jusqu'en 1976, des barrières et un poste de
garde-barrière assuraient la sécurité de tous. Trop cher, sans doute?
En 1976, supposant que le train serait bientôt supprimé, ou espérant un
accident bien sanglant qui mettrait fin à ce train des pignes d'un
autre âge, les autorités pétantes de l'époque ont tout supprimé,
préférant, là aussi, des feux tricolores pour tout le monde. En 2008,
le système accuse son âge (et son illégalité), les panneaux de
présignalisation routière ont été cassés (absents rue Joseph Garnier et
rue Gambetta), les croix de saint-andré sont devenues illisibles, les
panneaux "attention aux trains" sont tournés vers... Les trottoirs!!!
Les
réglementations routière et ferroviaire sont ici tout simplement
bafouées, à tel point que c'en devient surréaliste... Et tout le monde
se protège derrière une autorisation préfectorale hors d'âge (les
réglementations ont évoluées depuis...)
Tout, ici, est à remettre à plat.
En cas d'accident dans le quartier, prenez un bon avocat...
- Pont Charles-Albert (voir dossier "Pont Charles-Albert"): Là encore, un passage à niveau réglementaire est un minimum...
Or,
de quoi est-il question en ce moment? De l'automatisation du PN de
Colomars la Manda dès la mise en place du "block automatique"... Ce
carrefour, très fréquenté, possède déjà un passage à niveau avec
barrières, mais commandé manuellement (avec un poste de
garde-barrière). La configuration de ce carrefour est
tellement complexe qu'un article complet lui sera consacré (dès que
nous aurons les éléments suffisants et... un peu de temps).
L'urgence de l'automatisation, en regard des problèmes évoqués
ci-dessus, est assez difficilement compréhensible, d'autant que le
syndicat a dénoncé le 15 avril les problèmes de sécurité que cette
automatisation pourrait entraîner: "Le
nouveau système ne permettra plus cette gestion optimale et une fois
lancé, le cycle doit obligatoirement aller à son terme c'est-à-dire à
l'abaissement complet des barrières sans possibilité d'interruption. De
plus, les voies de circulation venant du pont débouchent sur un "cédez
le passage" qui contraint les véhicules à stationner sur le PN. Toutes
les conditions sont réunies pour que l'automatisation du PN
débouche sur une alarmante détérioration de la sécurité".
En fait, il est possible de comprendre cette "urgence" si on lit cette ligne du compte-rendu du syndicat: "Nous
allons tout faire pour que la mise en place du block automatique n'ait
pas comme retombée la suppression des 4 postes de Colomars". Effectivement, puisqu'il s'agit de supprimer quatre emplois, on comprend mieux la précipitation des uns et des autres...
EN VRAC
SECURISATION DU PASSAGE A NIVEAU DE TOUET......
desservant l'école communale. La Région, consciente des problèmes de
sécurité, propose d'automatiser ce PN dans le cadre du second plan de
modernisation. Après 2013, donc.
LA BLANQUERIEL'un
des serpents de fer de la ligne. Effondrement historique qui affecte la
voie depuis des lustres, fragilisée encore plus depuis les inondations
de 1994, ce sujet revient régulièrement dans l'actualité. Comme annoncée
dans notre blog le 2 avril 2007, une solution conjointe est envisagée /
étudiée avec le Conseil Général 06. Rien de neuf sous le soleil depuis
un an...PONT DU GRALETCe
petit pont métallique rouille et menace de s'effondrer. Un
ralentissement à 10km/h frappe cette zone. Des travaux pour le
remplacement du pont ont été annoncés en 2006 (compte-rendu du Comité
de ligne du 13 octobre), un sondage pressiométrique à été effectué en
avril 2007, le maître d'oeuvre a été choisi récemment, le début des
travaux ne "devrait pas tarder"... Quelle rapidité!!!
En attendant,
le budget estimatif pour le remplacement du pont est passé de 40.000
euros (en 2006) à 90.000 euros (avril 2008). Je comprends mieux
pourquoi l'ouverture des fenêtres des trains est limitée à 20
centimètres: C'est pour éviter de trop jeter d'argent par les
fenêtres...MODIFICATIONS DES HORAIRES DES TRAINSNous
apprenons, médusés, que les changements d'horaires ne peuvent
dorénavant avoir lieu qu'en décembre... Ah bon? C'est la volonté de
Dieu???
BONNE NOUVELLEVoici
la seule bonne nouvelle que j'ai trouvée dans cette réunion
Région/Syndicat du 15 avril: le bon de commande des portes de la gare
de Thorame-haute a été signé. Merveilleux, non?
FAUT-IL JETER LE BEBE AVEC L'EAU DU BAIN ?
Ou sont passés les 4.6 millions restant du précédent plan ?
Quand seront enfin réalisés les travaux correspondant aux 55 millions du plan actuel ?
Ce
qui est certain, c'est que cette ligne ne coûte pas cher aux
contribuables. Face aux investissements "Etat-Région" pour les seules
lignes du tandem RFF/SNCF (260 millions en 2007 pour la seule Région), face aux investissements
pharaoniques du département 06 pour la modernisation des routes (1.080
millions - on se demande s'ils ont compris le principe du "grenelle de
l'environnement" dans ce département?), face à la commune de Nice et son tramway à 370 millions, les Chemins de fer de Provence
font figure de parent pauvre... Comme d'habitude.
Mais soyons fatalistes (c'est la mode). Pourquoi l'Etat donnerait-il un centime pour une ligne d'un
autre âge, à voie métrique (bah! Quelle horreur!!!), dont il soupçonne
à peine l'existence (voir ce courrier) que 99.9% de la population considère comme une pittoresque ligne touristique? Donc il ne donne rien. Pas un euro. Nada.
Pourquoi
la Région irait-elle investir plus que le minimum syndical dans
une ligne qui a la stupide idée de relier la Côte d'Azur aux Alpes de
Haute-Provence en évitant soigneusement sa
capitale (Marseille, pour ceux qui ont du mal à suivre...), donc son
principal fonds de commerce? Donc elle donne 2.9 millions par an (20
millions sur 7 ans).
Pourquoi le Conseil Général des Alpes-Maritimes
ferait un effort particulier alors qu'il se délecte des démêlés
ferroviaires entre la Région et la SNCF, en précisant bien à qui veut
l'entendre que tout ce qui concerne le rail est à renvoyer à son ennemi
politique? Même dans les cours de maternelles, on a vu plus
intelligent...
Pourquoi se bougeraient-ils enfin pour sauver ce
train (ses passagers, ses cheminots) de la misère dans laquelle il
survit tant bien que mal?
Pourquoi ? je vais vous le dire ! (à lire avec l'accent de qui-vous-savez):
La
Région s'empêtre actuellement avec ses problèmes SNCF qui nous coûtent
relativement cher. Il lui suffit d'avoir un éclair de lucidité et de se
tourner vers une ligne non-SNCF qui ne demande qu'à mieux fonctionner
avec les crédits nécessaires. Succès garanti. Nous suggérons donc à la
Région qu'elle bascule les pénalités infligées à la SNCF pour non-respect
des contrats vers la modernisation des Chemins de fer de Provence (voir ce courrier).
Chez nous, les problèmes viennent uniquement des sous-investissements à
répétition... Et les trains roulent pourtant, grâce à une ténacité
exemplaire des cheminots, ces "Mc Guyver du rail".
A nous de secouer le bananier régional pour qu'il se réveille enfin.Sinon, évidemment, en attendant, au quotidien... Rien ne change !
RALENTISSEMENTS ANORMAUX CONNUS A CE JOUR entre Plan-du-Var et Digne
|
Section | Km/h | Point kilométrique (Nice = 0; Digne = 150) |
Début | Fin |
Entre Plan-du-Var et Villars-sur-Var | 50 | 40.5 | 40.7 |
Entre Villars-sur-Var et Puget-Théniers | 50 | 49.7 | 49.9 |
Entre Annot et Thorame-Haute | 40 | 78.4 | 78.6 |
| 40 | 81.4 | 81.6 |
| 30 | 83.0 | 83.1 |
| 35 | 84.1 | 84.3 |
Entre Thorame-Haute et Barrême | 35 | 109.5 | 109.7 |
| 6 | 109.9 | 110.0 |
| 40 | 117.5 | 117.7 |
Entre Barrême et Mezel | 20 | 123.9 | 124.0 |
| 40 | 126.7 | 126.8 |
| 4 | 131.0 | 131.2 |
Entre Mezel et Digne | 35 | 141.8 | 142.0 |
| 50 | 144.0 | 144.2 |
| 50 | 144.4 | 144.6 |
| 40 | 146.2 | 146.3 |