Coordination des Clients des Chemins de fer de Provence
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Faire de ce Train la fierté de la Provence !
 Article Création : 02/11/09 /
Politique 
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Coupures de presse illustrant l'atticle (renvois dans le texte):
1: Article de Nice-Matin du 7 juin 2008: QUATRE NOUVELLES RAMES FIN 2008
2: Article de Nice-Matin du 14août 2009: LE TRAIN DES PIGNES VICTIME DE SON SUCCES
3: Article de Nice-Matin du 24 octobre 2008: RAPPROCHEMENT SUR LES RAILS
4: Editorial du "Train du Sud" N° 41 (1990)

LE HOMARD ET L'EAU BOUILLANTE

La cuisine électorale me fatigue au plus haut point, qu’il s’agisse de la gestion des transports ou du reste, alors, parlons un peu cuisine… Tout court !
 
Lorsque l’on plonge un homard dans une gamelle d’eau froide, il est heureux. Lorsque l’on allume le feu, l’eau se réchauffe et la bestiole se dit : « Tiens, il fait bon dans mon environnement, que reproche-t-on au réchauffement climatique ? » (enfin, bon, la pensée du crustacé n’est peut-être pas si profonde…).
Enfin l’eau arrive à une température critique, et notre ami ne bouge toujours pas. La montée en température progressive fait que, lorsque l’animal s’aperçoit enfin de la chaleur assassine, il est trop tard pour lui. Il est alors diablement conseillé de mettre un gros caillou sur le couvercle de la gamelle, car il gesticule avec force dans ses derniers instants, notre plat du jour…
 
Je sais, mon histoire est cruelle et a traumatisé mon enfance (au moins jusqu’à l’arrivée de la mayonnaise). Mais avec mon intérêt pour la défense des Chemins de fer de Provence depuis quelques années, j’ai l’impression que le homard, dans l’affaire, c’est un peu nous… Avec, en prime, les cuisiniers Vauzelle et Estrosi qui nous tapotent sur la cuirasse que « c’est un mauvais moment à passer, tout va pour le mieux ! ».
 

A REBROUSSE-TEMPS
 Remontons deux décennies en arrière. Une époque, pas si lointaine, où la ligne était « gérée » par le SYMA, conglomérat impossible d’acteurs politiques, largement contrôlé par le Conseil Général des Alpes-Maritimes et la ville de Nice. 11 autorails étaient en circulation, la Gare du Sud était l’objet de tractations immondes, 217799 courageux empruntaient une ligne tout juste entretenue, et « les C.P. continuent à rouler dans des conditions excécrables propres à dégoûter les utilisateurs les plus acharnés du Chemin de Fer » (Jacques Chaussard, le Train du Sud N°41).
 
Aujourd’hui. La ligne est gérée par le Conseil Régional. 6 autorails « et demi » (je ne considère toujours pas la rame réversible comme un moyen de transport digne de ce nom) sont en circulation, la Gare du Sud est un tas de ruines, 468786 inconscients empruntent la ligne tout juste entrenue, et… Le homard est dans l’eau chaude, il ne réagit plus.
 
Alors oui, je sais, on va immédiatement me rétorquer que les projets sont en cours, la modernisation va arriver, des sommes colossales vont être investies pour la rénovation… Si la moitié des promesses de modernisation plus ou moins ubuesques avaient été concrétisées depuis trente ans (je ne suis pas méchant, je ne remonte pas trop loin…), nous circulerions dans des autorails en argent roulant sur des rails en or massif. Si seulement 10% avaient été réalisées, les Suisses viendraient, leur carnet de notes à la main, prendre des conseils… Au lieu de mourir de rire (encore que…) à la vue de la manière dont la France gère ses lignes ferroviaires dites « secondaires » (en gros, tout ce qui n’est pas TGV).
 

PROMESSES…
 Ras-le-bol d’entendre régulièrement parler des 55 millions d’euros promis par la Région depuis 2006 (concrètement réalisés : 8 km de rails neufs), des deux, puis quatre nouveaux autorails promis depuis 2005, dont la concrétisation se fera, dans tous les cas de figure, après les prochaines élections (1)… Ras-le-bol également, même si cela nous concerne moins, des pirouettes électorales de la ville de Nice pour son tramway (lignes 2 à 99), qui, sous prétexte de changements de tracés et de délires mégalomaniaques (un tunnel en zone marécageuse, laissez-moi rire !), reporte la date de réalisation après les prochaines élections.
Trop facile, non ?
Et pourtant, beaucoup font semblant d’y croire en s’extasiant.
Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient, et en démocratie, les électeurs ont toujours les élus qu’ils méritent… Pourtant nous devons voter, défendre ce système derrière lequel se cache d’autres régimes bien pires.
Franchement, de temps à autre, je désespère, et je me demande qui je dois le plus haïr : L’élu qui fait promesse sur promesse sans suite, ou l’électeur qui vote systématiquement pour celui qui a la plus grosse (promesse) ?
Et pourtant, il faut y croire. Dans cet amas de foutaises, trouver le décideur qui est sincère, isolé dans ce fatras de fanfaronnades obscènes. Quelquefois, j’ai l’impression de participer au scénario d’un mauvais épisode d’X-Files : Assurément, la vérité est ailleurs…
 
Mais je m’égare, Madeleine…
Tiens, à propos, la gare de la Madeleine est défendue par un groupe d’assidus au site de la Coordination, qui se battent depuis trois ans maintenant pour avoir un abri à la Madeleine… Depuis trois ans également, il a été fait la promesse de repeindre deux lampadaires à Plan-du-Var… L’éclairage du souterrain a enfin été mis à St-Sauveur, non pas par la Région pour l’accès au train, mais par le département (à confirmer) pour l’accès à la piste cyclable… La halte de St-Benoît s’écroule toujours depuis l’an pèbre (le temps que les ruines se concrétisent)… A la Blanquerie, on comble toujours le « trou géologique » (donc ça ne date pas d’hier…) avec des cailloux, provisoirement… Des points comme ça, il y en a des centaines sur la ligne, dont certains n’ont aucun rapport avec un financement lourd.
Le problème n’est pas financier, Madeleine…
 

DES CARS  AUX DEMIS-TRAINS…
 Il y a deux ans, tout défenseur de ce train hurlait à l’hérésie dès qu’un autocar remplaçait ponctuellement un train défaillant. Cet été, ce sont des centaines de touristes et d’habitués qui ont été rapatriés, faute de trains, faute de places, par des autocars dépêchés en urgence (et forcément, avec retard) le long de la ligne (2). Comment faire entrer une dizaine de passagers, attendant sur le quai d’une halte perdue, dans un train déjà en surcharge ? Bah, forcément, c’est mathématique, on ne peut pas… Le homard est dans son eau très chaude.
Depuis 150 jours, les trains quotidiens 1 et 2 sont partiellement remplacés par des autocars… Du provisoire qui dure jusqu’à l’officialisation ? Car sur le site de l’exploitant, « le feu rouge » correspondant à une situation perturbée à été récemment discrètement supprimé : Pas vendeur, la perturbation perpétuelle…
Et j’entends encore des cerveaux préhistoriques nous asséner qu’un autocar coûte moins cher à faire rouler qu’un train… On assiste ici au même raisonnement partiel qui consiste à ne prendre en compte que les frais d’essence quand on circule en voiture. Pour sa voiture, on oublie un peu facilement l’usure des pneus, l’amortissement du crédit, l’assurance, les réparations, l’entretien… Pour le car, on oublie le gabarit des routes, la hauteur des ponts, le renforcement de la chaussée (un poids-lourd, ça pèse), la taille des flancs de montagne, l’élargissement des virages… Et quand bien même, osez dire à un étudiant en physique qu’un roulement sur pneus consomme moins d’énergie qu’un roulement sur rails !
Tiens, je n’ai même pas parlé des considérations écologiques…
 

POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ?
 Il y a un an (quasiment jour pour jour), nos chers amis des Conseils Régional et Départemental (06) se sont rencontrés pour parler transport et s’entendre… Sur quoi ? De belles promesses. Il suffit de lire l’article de Nice-Matin du 24 octobre 2008, et de voir tout ce qui est promis « d’ici un an » (3)
 
 
UN AN DE SILENCE
 J’ai passé un an sans écrire d’article pour la Coordination des Clients des Chemins de fer de Provence, mais j’ai continué à étudier, m’impliquer, lire, et m’intéresser de très près à tout ce qui touche à ce train. Cela me permet d’illustrer mes propos par des articles de presse garnis de belles promesses aujourd’hui périmées. Au fait, à ceux qui jugent mes propos un peu trop virulents ou excessifs, qu’ils relisent donc les éditos de Jacques Chaussard parus jadis dans « le Train du Sud » ! (4) Cet homme, à côté duquel je fais pâle figure, était juste clairvoyant et honnête.

Wyl Waechter

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