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Article | Mise à jour de cette page le 11/04/06 | Politique |
COMMANDEMENT N° 13 : A PLUS DE 40 KM/H TU NOUS
CONDUIRAS On dit ce Chemin de fer est lent, très lent.
C’est vrai. On dit aussi qu’il est plus lent qu’il y a cinquante ans. C’est
vrai aussi. Ce qui est faux, par contre, c’est de dire que « c’est la
faute à la voie métrique » ou que l’on met « moitié moins de
temps en voiture ». D’une part, la voie métrique a fait rouler des
trains à 160 km/h (en Afrique). D’autre part, nous sommes en montagne, et
il faut facilement 2h30 en voiture pour faire les 150 kilomètres qui
séparent Nice et Digne. Donc il suffit de relever les vitesses de ce train
pour le rendre très attractif.
Mais...
Relever les vitesses sur les Chemins de fer de
Provence, c’est aussi simple que d’obtenir un geste commercial du poste de
Police municipal. Autant dire que, si nous étions à Disneyland, nous
serions plus proche de Dingo que de Géo Trouvetout. Entre procédures
administratives incohérentes et tutelle incompétente, le maître mot
« sécurité » tue tout sur son passage. En particulier la simple
logique.
LE SYMA , MON ETERNEL AMOUR !
Depuis un an, on me reproche assez régulièrement dans les
milieux autorisés – outre mon ton, ma prose et mes sarcasmes -, de taper
toujours sur les mêmes : Le SYMA, gestionnaire de la ligne, et « la
Compagnie », alias CFSF, exploitant de la ligne. Si certaines
résolutions d’anomalies, défauts, problèmes, de ce train ne dépendent pas
d’eux, j’ose rappeler tout de même que:
1- Ils sont payés pour défendre ce train (en principe, même si ce n’est pas explicitement marqué sur la feuille de paie) 2- Certains problèmes viennent directement ou indirectement de leurs « erreurs » (et le mot est mesuré). Pris individuellement, les membres de ces deux organisations sont tous fort sympathiques. Mis ensemble, tout bloque, coince, voire roule parfois, sans entrain (et encore un jeu de mots, c’est trop facile). Revenons-en à ce qui nous concerne aujourd’hui, à savoir
ce train qui met trois heures trente pour faire 150 kilomètres, et qui
mettait, il y a vingt ans, 2h35 pour faire le même trajet. Mais que
s’est-il donc bien passé ?
Comme pour les haltes fermées, au nom de la sécurité (de
leur emploi, sans doute ?), le SYMA a signé jadis un abaissement
généralisé des vitesses maxi sur la ligne de 85 km/h à 75 km/h.
Et comme pour la réouverture des haltes fermées, il faut faire appel à Dieu le Père et à tous ses Saints (et obtenir l’unanimité), pour annuler cette décision. N’allez pas me faire croire que personne ne le savait à l’époque... Car, bien entendu, annuler, ce n’est pas possible !
LE
TELEPHERIQUE DE L’ABSURDITE
Simplifions abusivement :
Pour baisser une limitation de vitesse, il suffit d’un papier à en-tête
et d’une signature Symiesque. Pour l’augmenter, il faut déplacer une
demi-douzaine d’experts extérieurs qui vont examiner les autorails, les
rails, et les pissenlits qui sont autour, mètre par mètre, au microscope.
Mais il y a
mieux : La grande sœur, la SNCF, a, en principe, le même problème.
Sauf qu’entre RFF et SNCF, les experts sont… les leurs ! Soit un peu
plus motivés pour améliorer le réseau que ceux dépêchés lentement par les
CP.
Mais il y a encore mieux (ou pire, c’est
selon) : Les Chemins de fer de Provence dépendent… du STRMTG (Service Technique des
Remontées Mécaniques et des Transports Guidés) ! Comme indiqué sur cette page gouvernementale, « Concernant les chemins de fer
secondaires à service régulier, se reporter aux textes
réglementaires applicables aux transports guidés urbains ».
Les textes distinguent le « réseau ferré
national » (RFF) et les « chemins de fer
touristiques », et les CP ne se situent ni dans l’un,
ni dans l’autre, ils entrent dans la catégorie fourre-tout
des « métros, automatiques ou non, les tramways, les
autobus guidés par caméra optique ou par un
système magnétique et les remontées
mécaniques mentionnées à l'article 44 de la loi du
9 janvier 1985 susvisée » (remontées
mécaniques assurant un transport public régulier de
personnes qui ne soit pas uniquement touristique ou sportif). Bref, que
vous montiez dans le premier téléphérique venu, ou
que vous preniez les Chemins de fer de Provence, vous dépendez
de la même organisation, des mêmes experts et des
mêmes textes légaux.
Autant dire
qu’il est aussi facile de relever la vitesse sur notre ligne que de faire
accélérer celle d’un téléphérique.
SAUT
D’OBSTACLES AVEC HANDICAP (MENTAL ?)
Sachant
ceci, et nul doute que nos décisionnaires locaux l’ont toujours su, toute
décision pour « ralentir » ce train doit être prise avec d’infinies
précautions. Et tout ralentissement provisoire doit spécifiquement être
défini comme tel. Or, il n’en est malheureusement rien. Au contraire, au fil des ans, les
ralentissements « fermes » ont été ajoutés, les uns après les
autres. Alors, quand les travaux sont finis, les ralentissements restent.
Vous êtes
sceptiques ? Voici donc la liste ahurissante des ralentissements qui
se sont accumulés et que nous avons aujourd’hui (je rappelle au passage
que la vitesse maxi était de 85 km/h) :
On peut voir que, même vis-à-vis de la vitesse limite actuelle (75 km/h), rares sont devenues les occasions d’atteindre cette vitesse ! VRAIES ET
FAUSSES CAUSES DE RALENTISSEMENTS
Parmi les
fausses causes de ralentissements, on peut citer celles dénoncées par
tous : les travaux effectivement terminés. Elles représentent une
bonne partie des retards de trains. A croire que les panneaux posés se
sont soudés au sol ! Or, (mais cette info reste à vérifier) il
paraîtrait qu’il suffirait, en cas
de travaux, de mettre un panneau « ralentissement » afin de
limiter temporairement une vitesse pour travaux, plutôt que de mettre un
« 50 », un « 40 » ou un « 25 », un peu au
hasard, qui lui, prend un caractère définitif.
Parmi les
vraies-fausses causes, tous les ralentissements dus à une absence de
financement représentent le gros du bataillon : Passages à niveau
sans barrières, ralentissements abusifs pour laisser place aux voitures à
Nice, mauvais état de l’infrastructure, des voies, des autorails,
aiguillages hors d’âge, attente de travaux...
Les vraies causes sont dues aux limites
techniques (vitesse des autorails) et de sécurité (abord des gares,
courbes, visibilité).
FAUT-IL
TOUT BRULER ?
On pourrait
se poser la question (et certains ont dû se la poser avant moi) s’il ne
serait pas plus simple de tout raser et de recommencer à neuf. Un
tramway, par exemple ?
Je
plaisante... Moi. Quelle que soit la complexité de l’affaire, il faut
commencer par le plus simple et le plus rapide à résoudre. Ne me demandez
pas quoi, il y a, normalement, des gens payés pour s’en occuper au SYMA,
à la Région, à « la Compagnie ».
Car en ce
qui concerne le relèvement général des vitesses, qui vise – ne perdons
jamais cet objectif de vue – de rendre les Chemins de fer de Provence
dignes d’un transport collectif du XXIème siècle, véritable alternative à
la voiture, il faudra un investissement massif sur l’ensemble de la
ligne, du genre « tramway de Nice » ou « Chemins de fer
Corse » et le poids médiatique et électoral des défenseurs de ce
train n’est pas encore à la hauteur.
Patience, la
roue tourne.
William
Waechter, le 23/03/2006
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![]() Un des ralentissements les plus flagrants à la sortie de Nice : 4 km/h pour traverser les 4 carrefours aux abords de la halte de Gambetta à cause de barrières supprimées en 1976. Les véhicules routiers, eux, peuvent rouler à 50 km/h… ![]() 1 signature pour fermer 16 haltes. Combien de démarches pour les rouvrir un jour ? ![]() LEJEU DES 7 DIFFERENCES : Trouvez 7 différences entre ces 2 photos ![]() |