PETIT RAPPEL DES FAITS
En
janvier, je fais de bêtes photos sur la ligne du
côté de Digne (le train sous la neige) lorsqu'un ami me
fait remarquer la curieuse manoeuvre qui suit l'arrivée du train
au terminus : Les cheminots, arc-boutés sur la remorque,
la poussent à la force des bras. Je suis
sidéré, comme le sont d'ailleurs tous les clients,
lorsqu'ils voient la manoeuvre. Outre une perte de temps incroyable, la
manoeuvre est , on le devine aisément, éreintante. A
Digne, l'été est très chaud, l'hiver est
plutôt froid, quelquefois il pleut ou il neige, peu importe !
Chaque matin, la manoeuvre doit être faite... Et dans le stress
s'il vous plaît, car chaque minute perdue retarde tous les trains
sur la ligne (voie unique et réglement ultra-sécuritaire
à la mode). Le problème est simple : A Digne, la voie
unique se sépare en deux voies en cul-de-sac. Comme il n'y a ni
engin de manoeuvre, ni voie d'évitement utilisable, pour faire
passer la remorque derrière l'autorail, il n'y a pas d'autre
solution que de le faire à la force des bras...
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Qu'il
faille garder le pittoresque de cette ligne, j'en suis le premier
convaincu : Ne négligeons jamais le potentiel touristique de la
ligne. Mais là, ou est le pittoresque ? Il ne s'agit pas de
floklore provençal - à moins d'habiller les cheminots en
costume local ? - mais d'une honte moyen-âgeuse qui se
répercute sur toute la Provence : Comment une Région
soi-disant si riche peut laisser pourrir une telle situation ? La
réponse n'est pas des plus reluisante.
Le
19 janvier, je publie l'article "Germinal 2006". Il fait son petit
effet. Certains décideurs semblent découvrir la situation
et la jugent inacceptable. Sauf que cette situation dure depuis
plusieurs années... Mais passons.
Le
24 février, le Syndicat des Cheminots relance l'affaire, par un
courrier pressant à Mr Gérard Piel, Président du
SYMA. Pendant ce temps, je contacte quelques connaissances "hors CP"
spécialistes des Chemins de fer pour le soumettre le
problème et écouter les différentes solutions
proposées. Je cherche également, en vain, un
équivalent sur la grande soeur SNCF, puisqu'il n'est jamais trop
utile de le rappeler, les Chemins de fer de Provence sont une ligne
régulière !
En
mars, je compile les différentes solutions possibles au
problème, adaptables à une ligne régulière.
Pendant ce temps, la CFSF entreprend des travaux provisoires en
créant une légère pente sur la voie de garage afin
de "faciliter" la manoeuvre à bras.
IL N'Y A PAS DE PROBLEME, IL N'Y A QUE DES SOLUTIONS
Avant
d'étudier les solutions, il faut prendre en compte la situation
actuelle, en 2006. Oui, pour répondre à certaines
questions, contrairement à l'autre terminus (Nice), il y a de
l'espace à Digne, et un faisceau de voies métriques,
situées au niveau du dépôt, à environ 500
mètres du terminus. Mais celles-ci sont actuellement
inutilisables en l'état, faute d'entretien et de travaux. Donc,
en résumé, il n'y a plus de voie de manoeuvre. Encore
moins de matériel motorisé pour faciliter la manoeuvre.
Des solutions, il en existe quatre.
1
- L'utilisation des voies SNCF : C'est la solution retenue par
les Cheminots et une partie des psécialistes. Sur place, c'est
une
évidence commerciale : On voit enfin le train. Si la position du
terminus CP avait un sens lorsqu'il y avait une liaison avec la ligne
SNCF, il est bizarre aujourd'hui de voir notre petit train azur perdu
au bout du quai, attendant toujours le train SNCF qui ne vient plus
depuis longtemps. La solution "consiste à faire aboutir la
voie métrique des Chemins de Fer de Provence devant le quai principal, face aux
portes de la salle d’attente, et de créer une seconde voie « en
cisaille », permettant la manœuvre des autorails et des remorques".
L'inconvénient de cette solution est lui aussi aussi
évident. On condamne l'hypothétique retour à la
correspondance SNCF, à moins de (re) créer un
sytème à double file de rails.
La seconde solution est retenue par plusieurs spécialistes :
2 - L'utilisation des infrastructures CP : Vue de loin, c'est la
situation la plus évidente. Sur place, on se heurte à un
double problème. Le premier est technique (la remise en
état des voies), le second est commercial : Le respect des
horaires. Une cisaille existe (double aiguillage et voie de garage),
située environ à 500 mètres du terminus
"voyageurs". Pour la remettre en service, il faut que la SNCF (ou RFF)
répare la margelle qui surplombe la route. Le problème
est que pour accéder à la cisaille, il faut rejoindre
l'aiguille du dépôt, redescendre à la cisaille,
faire la manoeuvre, revenir au dépôt, puis en gare, ouvrir
les cadenas, fermer les cadenas, etc. (il faut savoir que les
aiguillages CP sont manuels et fermés par un cadenas). Il y a
là un sérieux défi au temps, augmenté par
le fait le le train arrive souvent avec 15/20 minutes de ratard, et
doit repartir presque aussitôt. Ceci est un autre dosssier, me
direz-vous, mais vous connaissez l'histoire du serpent qui se mord la
queue ?
3 - L'engin de remorquage (draisine) : Cette solution, qui "me"
paraissait la plus simple - mais je ne suis pas cheminot ! -, se heurte
à plusieurs difficultés. Un engin ferroviaire diesel doit
"chauffer" avant d'être utilisé : Qui le démarre ?
Ou le placer (sans voie d'évitement) ? Et puis (voir plus
bas), on peut toujours rêver avant qu'un "décideur" ne se
décide à l'acheter. Même gratuit, ils trouveraient
quelque chose à redire, alors...
4
- Le câble de remorquage : Pas très
pratique, très "touristique", mais mieux qu'une manoeuvre
à la main. Explication : " autorail + remorque
jusqu'à l'aiguille, dételage, l'autorail dégage l'aiguille, le chef fait
l'aiguille, le mecano sort un cable de 5/6 metres avec boucle à chaque
extrémité une boucle autour du tampon de l'autorail, une autre autour du tampon
de la remorque, l'autorail repart doucement vers le butoir et tire la remorque
qui roule sur la voie adjacente le chef de train régule la vitesse de la
remorque avec le frein de secours (s'il existe !) on devrait approcher du
butoir et faire les derniers mètres a mains d'homme. Une autre solution consisterai a souder des crochets de
halage sur les cotés de la remorque et des autorails. Cette solution est souvent employée sur les chemins de
fer forestier et l'était sur des E.P. avec l'aide de tourillons verticaux." Cette solution n'a pas été retenue par les cheminots.
CE N'EST PAS A UN VIEUX SINGE....
Les Cheminots, en vieux connaisseurs, n'écartent aucune solution, pourvu qu'il y en ai une !
La
solution de remise en état des voies d'évitement CP
(solution 2) se heurte à la réparation de la margelle. La
gare de Digne mélange les voies SNCF et CP, mais aussi les
compétences. Ici, RFF est clairement désigné pour
faire les travaux mentionnés. Et, comme toujours, l'animal
traîne la patte. La Compagnie (CFSF), voyant le temps qui
passe, se propose de réaliser elle-même les travaux !
Sur cette affaire, l'exploitant privé fait preuve d'un
sens des responsabilités hors du commun.
Quant
à la solution de l'utilisation des voies SNCF, c'est la solution
préférée des Cheminots, et celle qui à fait
l'objet d'un courrier au SYMA le 24 février...
LANGAGE SYMIESQUE
La
solution qui consiste à utiliser l'emprise SNCF devant la gare
(La seule gare mixte SNCF/CP "in the world" !!!) paraissait la plus compliquée
à réaliser, vu les différents bien connus entre la
SNCF/RFF et les CP. Or, en 2005, RFF (Réseau Ferré de
France, l'équivalent SYMA pour la SNCF) donne son accord de principe à l'utilisation de
l'emprise, sous deux conditions : Que RFF ne participe pas aux frais -
faut pas pousser - et que l'ancienne situation puisse être
aisément rétablie - au cas où l'on
rétablisse la liaison Nice-Grenoble-Genève...
Donc le couple infernal CFSF/SYMA a le champ libre.
Qui décide et qui finance ?
Nous avons ici deux cas de figure : Soit l'aménagement de la gare de Digne est considéré comme un "investissement nécessaire à l'exploitation", soit il s'agit d'une "modification de services".
Dans le premier cas, le SYMA doit financer (il n'a même pas le
droit de refuser, sauf à dénoncer le contrat qui le lie
à l'exploitant). Dans le cas d'une modification de
services, le SYMA ou la CFSF peuvent la demander , et le
délégataire (CFSF) finance, la contribution du SYMA est
facultative.
Il
me semble que, d'après la procédure engagée par la
CFSF, ce soit la seconde option qui ait été
abordée. La CFSF a proposé les travaux et un financement
d'environ 50% à sa charge. A mon humble avis, l'erreur est
là, et le SYMA, fort de sa position dominante, refuse le
co-financement proposé. L'affaire est bloquée, comme tant
d'autres.
PROCEDURE, QUAND TU NOUS TIENS !
Le
SYMA est procédurier : Tout ce qui n'est pas inscrit noir sur
blanc dans le beau contrat de "Délégation de Service
Public" n'a pas lieu d'être. Les Associations, les Usagers,
les Cheminots peuvent s'époumonner autant qu'ils le veulent,
seuls les travaux inscrits noir sur blanc seront réalisés, point final.
A moins que...
Soyons procédurier également !
Ce
contrat a quelques failles, dont l'une est d'être trop
précis. Le rôle de chacun est tellement bien
indiqué que tout ce qui n'est pas inscrit n'existe pas. Eh bien,
il y a quelque chose qui n'existe pas : La manoeuvre à bras...
Je cite : "Une
manoeuvre peut s'effectuer alors que les véhicules
attelés à la machine ont leur freins desserrés, et
que le frein à air n'est pas en service : le freinage est donc
assuré alors, par le seul engin moteur. Toutefois, si la masse
de la rame manoeuvrée le justifie, le mécanicien fait
mettre le frein à air en action sur tout ou partie des
véhicules."
En
cas de manoeuvre à bras, le véhicule n'est pas
attelé à la machine. Il n'y a pas de système de
freinage. Cette manoeuvre est donc interdite.
La
création d'une voie d'évitement permettant la
réalisation d'une manoeuvre autorisée devient
donc un investissement nécessaire à l'exploitation.
Le SYMA doit en assurer le financement et sa réalisation doit s'effectuer sans délai.
CQFD.
Alors, on fait quoi ?
William Waechter, le 30/05/2006
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QUI FAIT QUOI AUX CP ?
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Le
SYMA, Syndicat mixte a les pouvoir délégués par
l'Etat (propriétaire) pour la gestion et la bonne marche des
voies et des infrastructures. L'exploitation est confiée par un
contrat de Délégation de Service Public (DSP) à un
exploitant privé, la CFSF (groupe Veolia).
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Nice, le 24 Février 2006
Monsieur le Président,
Nous sollicitons par la
présente votre intervention dans un dossier qui n’a que trop duré. Notre
Syndicat réclame depuis de longues années la modification du faisceau de voies
en gare de Digne-les-bains. Notre demande consiste à faire aboutir la voie
métrique des Chemins de Fer de Provence devant le quai principal, face aux
portes de la salle d’attente, et de créer une seconde voie « en
cisaille », permettant la manœuvre des autorails et des remorques.
Actuellement, la gare de Digne, bien que terminus de la ligne, ne dispose pas
de voies de manoeuvres. Le personnel roulant doit déplacer des engins de
plusieurs tonnes en les poussant à bras.
Cette revendication a
été maintes fois portée par les élus CGT dans les différentes instances
représentatives du personnel. Pendant l’année 2005, la situation semblait
évoluer.
Dans un premier temps, la
Direction nous signalait que le financement de l’opération serait assuré environ
à 50% par CFTA et à 50% par le SyMA. Le procès-verbal de la réunion du CE de
décembre 2004 mentionne un budget prévisionnel de 45 000 €, dont
21 000 € à charge de CFTA et 24 000 € à charge du SyMA. Mr Liguoro
précisait que « le SyMA devait lancer l’appel d’offres ».
Par la suite, Mr Seiler
nous informait lors de la réunion du CE de février 2005 de l’accord de principe
de RFF pour l’utilisation de ses emprises, à la condition que l’ancienne
situation puisse être aisément rétablie mais également que la
Direction s’était imprudemment avancée, et que le SyMA n’était pas prêt à
financer sa part, qui n’était plus que de 23 000 € d’ailleurs. Il
précisait aussi qu’une réunion RFF/SyMA/CFTA devait être organisée sur le site.
A la réunion du CE de
mars 2005, Mr Liguoro informait les Délégués que le SyMA refusait de financer
sa part, et que le projet était abandonné.
Afin de pouvoir informer les
salariés et les usagers des responsabilités de chacun dans ce dossier, nous
désirerions savoir quelle est la position du SyMA à ce jour.
En l’attente de votre réponse,
veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de nos salutations respectueuses.
Pour le Syndicat CGT-CP 04
Christian GIRAUD
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SCHEMA DES VOIES A DIGNE

Les voies à écartement standard (SNCF) sont en gris,
celle à écartement métrique (CP) sont en noir.
LEGENDE :
Zone Rouge : Retournement actuel
Zone Bleue : Solution 1
Zone Verte : Solution 2
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