Le
18 Juillet 2006, les décideurs ont officialisé, en gare
de Nice-Provence, le passage de flambeau entre le SYMA et la
Région (voir également l'article SOUQUEZ FERME, TER EN
VUE). Cet apéro pour l'occasion, appelé pompeusement
"manifestation" (j'ai failli venir avec des banderoles...), symbolise
l'accord de l'Etat pour se débarrasser de la ligne et celui de
la Région PACA pour l'accueillir... Avec une joie toute relative.
MICHEL VAUZELLE ET SON ORCHESTRE
La symphonie n'a pas eu de fausse note : Dès 11h00, les "petites
mains" ont installé le kit "Conseil Régional" en bout de
quai; kit composé d'un pupitre, de la sono-qui-va-bien, d'une
table, de porte drapeaux avec petits drapeaux de la Région (j'ai
failli en piquer un, mais j'ai résisté...) et d'une jolie
banderole. La banderole a eu un mal fou à se laisser accrocher,
et il a fallu batailler ferme pour la faire tenir. Les
techniciens ont dû en avoir un mauvais souvenir, car ils l'ont
carrément laissé en repartant.
Pendant ce temps, Dominique, de la Brasserie de la Gare toute proche,
installait dans le hall de la gare le stand le plus
apprécié après les discours, celui des
apéros et petits fours. Je prenais des photos sur le quai
lorsque Gérard Piel s'est déplacé pour me
souhaiter la bienvenue. Je suis humain... Le geste m'a fait plaisir.
A 11h30, heure annoncée, une partie des invités
étaient encore dans les embouteillages à Nice.
C'est en discutant avec la Directrice du SYMA, Michèle
Peron, près de la porte de sortie (pour profiter du courant
d'air relativement frais), que j'ai vu arriver le gros de la troupe,
à savoir l'adjoint au Préfet, Michel Vauzelle, Patrick
Allemand, et d'autres que je n'ai pas trop reconnu. Le comique de la
situation a été que chacun m'a donc serré la
paluche, après avoir reconnu mon interlocutrice.
11h45, l'orchestre était au complet (Conseil Régional,
Conseils Généraux, représentant du Ministre,
représentant de la Mairie de Nice), la symphonie pouvait
commencer. Gérard Piel a commencé par un discours sobre
et court, qui ne vous apprendra rien si vous suivez
régulièrement les infos de ce site, mais qui a plus
à tout le monde. Il n'a pas manqué d'insister sur le fait
que l'Etat doit 6 millions d'euros au Syma, mais je doute que
ceci ait un grand effet, étant donné que le ministre
Christian Estrosi n'était pas là (il était
représenté). Aucune fausse note.
Michel Vauzelle a ensuite pris la parole : Il a d'abord brossé
tout l'historique de la ligne, et nous savons tous que l'historique des
Chemins de fer de Provence, c'est long... Dans un esprit plus
politicien que Gérard Piel, Michel Vauzelle en a profité
pour rappeler les investissements de la Région dans le
département des Alpes-Maritimes (les Niçois n'aiment pas
trop être assujettis à Marseille), du lycée de Drap
aux TER de la SNCF. Sur ce dernier point, il y a eu quelques
flottements du côté des cheminots lorsque notre homme a
rappelé que la Région avait investi dans plus de 500 TER
et que cela allait continuer. Nous, on en réclame seulement 7 et
on en aura deux... Arpès l'essentiel très axé
"Nice", une parenthèse sur le rôle du train contre la
pollution et pour la santé, il a finalement abordé ce que
j'attendai beaucoup, le rôle primordial du développement
"au delà de Digne" et a même pour la première fois
retourné le problème dans le bon sens, à savoir
parler du désenclavement de Nice (et non de Digne) en
créant la diagonale (voir l'article LA DIAGONALE DU FOU) qui
permettra de créer une alternative à l'axe ferroviaire
PARIS-LYON-TURIN.
Le discours était bien écrit, quoiqu'un peu long, et
très correctement documenté. Mes amitiés au scribe
de l'ombre.
12h20, fin des émissions, tout le monde est passé au stand 51...
LES IMPRESSIONS
Par le petit bout de la lorgnette...
J'ai trouvé que Michel Vauzelle ne bondissait pas vraiment de
joie à l'idée que la Région reprenne cette ligne.
Cela peut être bon signe : S'il espère en faire un moyen
de transport adapté au XXIème siècle, il a
en effet besoin d'avoir le chéquier à portée
de mains. L'état , puis le SYMA, ont un peu laissé la
ligne dans l'état où ils l'avaient trouvé en 1933.
On comprend, alors, qu'il n'ait pas manifesté un enthousiasme
débordant. Sans compter que la Région va devenir
très vite la prochaine cible de la CCCP, ce qui fait toujours
peur... ;-)
Le journaliste de Nice-Matin s'est fait discret, mais les cameramans de
France 3 ont apparemment plus apprécié les trains que les
discours. Ils ont passé le plus clair de leur temps à
filmer les arrivées et départs d'autorails !
Patrick Allemand a paru totalement absent et fermé; il n'a
d'ailleurs à ce jour fait aucun commentaire sur sa
présence le 18 juillet en gare des Chemins de fer de Provence.
S'il n'aime pas ce train, il n'aurait pas dû venir.
Deux absents se sont fait remarquer par leur "représentation";
Christian Estrosi, ministre et donc, on peut comprendre qu'il ait
d'autres occupations; d'autant plus qu'il doit se souvenir de l'accueil
sous les huées qu'il a eu lors de l'inauguration de la ligne
Cannes-Grasse l'an dernier; Jacques Peyrat, Maire de Nice, qui
n'aime pas ce train, et qui n'est pas venu, logique à
défaut d'être normal. |
LES FAUSSES NOTES
On a tous intérieurement râlé sur
l'intérêt relatif de ce genre de réunion. Moi le
premier, en bon français. C'est sûr, ce n'est pas
ça qui fait avancer le schmilblick. Mais en
réfléchissant un peu, je me suis dit que l'on aurait
encore plus râlé s'il n'y en avait pas eu.
Passage obligé, donc, pour symboliser le troisième
changement majeur dans la gestion de la vie des Chemins de fer de
Provence.
Même si la "manifestation" a été globalement bien
perçue, j'ai trouvé extrêmement regrettable que les
discours aient été retardé par des
problèmes d'embouteillages sur la voie Mathis. Même si
cela peut faire prendre conscience aux décideurs des
problèmes routiers dans Nice, les participants, autant
décideurs, politiques, qu'associatifs, auraient pu au moins
prendre le train pour venir !
Toute personne habitant ou travaillant le long ou à l'est du Var
(le fleuve, pas le département) aurait très bien pu se
garer à Lingostière, prendre le train à 11h07
(arrivée à Nice à 11h24), puis prendre au retour
le train de 12h45 ou 14h00.
Je n'arrive pas à comprendre ces gens qui prennent leur voiture
pour défendre une ligne de chemin de fer. Désolé.
L'autre fausse note est le retard pris dans la décision de la
Région pour le choix du constructeur dans l'acquisition, promise
depuis maintenant presque deux ans, des deux rames neuves (+ une
option). Annoncée "au printemps 2006", puis dans le courant de
l'été, la décision sera prise effectivement
"à l'automne", sans plus de précisions. D'ici à ce
que tout ceci soit renvoyé en 2007, il n'y a pas loin.
UNE NOUVELLE PAGE
Après la Compagnie des Chemins de fer du Sud de la France
(privée), l'Etat, le Syma (sous contrôle de l'Etat), la
Région PACA va écrire une nouvelle page de l'histoire des
Chemins de fer de Provence. Il ne reste plus qu'une dernière
formalité pour que cela soit effectif (validation par le Conseil
d'Etat).
La rénovation des voies et des gares se fera sans doute,
puisqu'un budget de 50 millions d'euros est envisagé, avec
à la clef le passage de la ligne en rive droite du Var
(toujours le fleuve,, toujours pas le département...). Un
budget enfin important, sans commune mesure avec le dernier "plan
2001-2006" de 6 millions d'euros (vente de la gare du Sud
déduite).
Le bât blesse, par contre, au niveau du matériel roulant :
Nous l'avons dit, tout le monde le dit d'ailleurs, les deux autorails
neufs promis n'arrrangeront pas grand-chose à la situation : Les
autorails existant sont en fin de vie. Et là, j'entends
déjà les décideurs me dire : " Oui, mais il faut
financer tout cela".
D'accord.
Lorsque l'Etat a repris la ligne, en 1933, il a commandé 12 autorails neufs (de grande qualité).
Deux commandés en octobre 1934, livrés en février 1935.
Quatre commandés en juin 1935, livrés en novembre 1936.
Six en mai 1939, devant être livrés en mai 1940... La guerre a retardé leur livraison.
Il y avait moins de 200.000 voyageurs par an.
Lorsque le SYMA a repris la ligne, en 1968-72, il a commandé 6 autorails neufs (de moindre qualité).
Deux commandés en novembre 1970, livrés en décembre 1971 et avril 1972.
Deux commandés en 1971, livrées en octobre et décembre 1972.
Deux commandées en 1976, livrées en mars et avril 1977.
Il y avait 200.000 voyageurs par an.
Lorsque la Région reprend la ligne, en 2006-2007, elle commande 2 autorails neufs (doubles).
Deux commandés "à l'automne 2006", livrés, on l'espère, en 2008 (prévus en janvier 2008).
Voilà pourquoi, lorsque l'on parle de modernisation sur cette ligne, je trouve encore que ça sonne faux.
William Waechter
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