Quelquefois,
on n'arrive plus à trouver les mots pour qualifier une
situation... D'où le titre un peu particulier de cet
édito.
Et au-delà des mots, il
devient difficile de qualifier et d'expliquer une situation sans
rabacher maintes fois la même chose.
Oui, ça va mal, ça va très mal, même, au pays des cépés.
Et je pense que bien peu
avisé sera celui qui affirmera fièrement : Je l'avais
prévu. Les Cheminots, les habitués de la ligne, les
passionnés ferroviaires, même la Direction CFSF pourraient
dire : Je l'avais prévu.
A chaque nouvelle série noire, les autorails en circulation sont
de moins en moins nombreux. Et les ateliers internes de
Lingostière, que j'ai qualifié récemment de
"cimetière des éléphants", sont
débordés. Les mécanos jouent aux Mc Guyver avec ce
qu'on leur donne, et subissent la pression de décideurs qui,
bien au chaud sur leur nuage, les empressent de remettre en état
des autorails ou des locomotives qui n'en peuvent également plus.
Alors oui, c'est vrai, la situation actuelle, où la
quasi-totalité des liaisons grande ligne sont partiellement
remplacées par des autocars (Digne ne voit plus qu'un autorail
par jour), cette situation catastrophique ne durera pas. Tant bien que
mal, le sixième autorail, la X-302 accidentée le 2
février, reprendra du service. Puis, fin-mai-si-tout-va-bien, la
rame double Soulé sortira avec des bogies neufs. Et le boulet
sera à nouveau bricolé pour un service banlieue plus ou
moins efficace. L'été 2007 sera sauf.
Enfin, ça, ce sont les prévisions très optimistes de la Direction.
En abaissant l'option "sourire-banane" d'un cran, et en voyant un poil plus loin, il n'y a pas de quoi rire.
Les trains spéciaux ne verront pas plus le jour, cet
été, qu'en été 2006. Peut-être un, de
temps en temps, à condition qu'il n'y ait aucun autorail en
panne et que ce soit le dimanche... Autant dire jamais.
La CFSF entreprend en ce moment d'annuler tout ce qui ressemble de loin
ou de près à une réservation de groupe. Familles
nombreuses, s'abstenir.
Et les touristes, les correspondances avec le train à vapeur, tout ça... On verra ça après 2008.
Jusqu'à la prochaine série noire, qui, si elle respecte la chronologie des précédentes, sera pire.
Dès que le boulet, l'inique rame réversible en kit, aura
repris du service - si tant est que les mécanos arrivent
à bricoler une loco Brissonneau qui prend
régulièrement feu -, il reprendra son labourage
systématique des vieux rails de la portion Nice - Plan-du-Var.
De vieux rails, devenus si fragiles, qu'ils ne supportent plus les 12
tonnes à l'essieu de locomotives qui sont pourtant sur cette
ligne depuis plus de cinquante ans.
Bref, j'ai déjà parlé de tout ça.
Ce qui est surréaliste, est l'attitude actuelle de la
Région, et dans une moindre mesure, de la Compagnie.
Actuellement à la Foire de Nice, les Chemins de fer de Provence
ont un beau stand, sur lequel tout le monde entonne l'air de : "Tout va très bien, Madame la Marquise !"
Surtout...
Surtout...
Ne pas faire peur au citoyen lambda.
On distribue de jolis prospectus sur "le Train des Pignes", charmante
ligne pittoresque faisant découvrir de somptueux paysages :
Surtout oublier de dire que la plupart des trajets sont fait en autocar.
On organise une superbe et irréelle conférence-débat ayant pour thème : "Ligne Nice-Digne : un nouvel enjeu pour Provence-Alpes-Côte d'azur".
La seule chose de nouveau, comme enjeu, serait que la Région s'aperçoive que la ligne est en ruines.
Et qu'elle y mette le paquet. Afin de faire passer ce train du XIXème au XXIème siècle. Enfin. |

Pour la foire de Nice, c'est le grand carnaval !
Pour passser la journée à Nice, au départ de
Digne, il faudra faire grosso-modo la moitié du parcours
en train, l'autre en car... en longeant la ligne de chemin de fer.

(Cette affiche est de 2006)
Cette année, retour en car d'Allos à Thorame (normal),
puis en car CP de Thorame à Annot, puis en train CP d'Annot
à Nice... Ou complètement en autocar pour Digne!
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