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Politique | Mise à jour de cette page le 03/08/07 | Edito Aout 2007 |
Surtout ne le répétez à personne... Il y aurait, quelque part en France, une ligne de chemin de fer n'appartenant pas à la SNCF. Il y aurait, toujours là-bas, une gare terminus en liaison avec un futur tramway, mais abandonnée depuis 1992 pour "urgence de construire une nouvelle mairie", rêve inique de mégalos inconscients, ce qui priverait d'une future liaison directe des utilisateurs de cette ligne de train avec le rutilant serpent urbain aux couleurs chatoyantes - et inversement. Il y aurait un monument historique (tiens ? C'est le même...) classé deux fois, une verrière de Gustave Eiffel provenant de l'exposition universelle de 1889 (excusez-moi du peu), façade monumentale de Prosper Bobin, qui rouille et s'écroule, qui n'a même pas été proposé dans le minable concours de Nice-Matin du mois de juillet 2007 parmi les monuments historiques niçois. Il y aurait un train, pris quotidiennement par 53% de ses passagers, desservant une des zones d'activités les plus en vogue actuellement pour son développement, reliant deux préfectures, désenclavant toute une région, mais dont on s'évertue année après année, siècle après siècle, à lui couper toute correspondance avec les autres transports, locaux, départementaux, régionaux et nationaux. Il y aurait des groupes de touristes, vacanciers, amoureux de trains, dont on refuserait l'accès à tour de bras chaque été, annulant toutes les demandes de réservations, sur la ligne la plus touristique de la seconde région touristique d'un des pays les plus touristiques au monde. Il y aurait un train qui, malgré de sempiternelles promesses, serait, d'année en année, toujours plus vieux, toujours plus lent. Il y aurait des politiques qui promettent pour l'année suivante en économisant sur celle-ci (chaque année), d'autres qui préfèrent construire des routes nouvelles avec ventilateurs à oxygène sur les bas-côtés, et un exploitant ferroviaire qui arrive à faire des bénéfices sans complexes. Il y aurait des politiques (encore) qui mettraient tous les moyens en leur pouvoir pour faire concurrence par bus ou par cars ultra-modernes, à grands coups de subventions publiques, à un vieux train usé mais vaillant. Il y aurait des politiques (toujours) qui useraient d'illégalité flagrante, une main sur le coeur et l'autre sur le portefeuille, pour ne pas sécuriser des passages à niveau, en attendant vainement (depuis des décennies) l'accident qui leur donnera prétexte à tuer un train. Il y aurait un quotidien de passagers résignés subissant des pannes de clim, des pannes d'eau (dans les toilettes), des pannes de chauffage, des pannes de moteur. Il y aurait de vieux fous à la retraite, qui parleraient sans qu'on les croie, d'un temps jadis où on pouvait réserver des places assises, avoir un repas et des boissons à bord, parcourir la ligne entière en deux heures trente-cinq, aller de Nice à Genève en train par les Alpes, discuter du beau temps dans un buffet de la gare. Pourtant, il y a, depuis plus d'un siècle, malgré tout, contre tout, des utilisateurs et amoureux de ce train pas comme les autres qui se battent pied à pied, des cheminots qui font leur métier avec une conscience et une rigueur exemplaires... Des passagers, usagers quotidiens, réguliers ou vacanciers, utilisent chaque année le train, sourds aux sirènes de l'incompétence organisée (au mieux) ou de la concertation pour un achèvement programmé (au pire). Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, malgré un acharnement maladif de certains depuis un certain temps, ce train reste utile, indispensable, irremplaçable. Il fait beaucoup mieux que survivre. Il vit, tout simplement, et vivra encore longtemps. Y-a-t-il un espoir qu'enfin, ses défenseurs publics cessent de le négliger, que ses détracteurs publics lui (nous) foutent enfin la paix ? |
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