Coordination des Clients des Chemins de fer de Provence - "Faire de ce Train la fierté de la Provence !"
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 Article Mise à jour de cette page le 07/01/07 Connaissance 

William WAECHTER
ICI ET MAINTENANT...
Nice : une enclave ferroviaire, un déclin programmé


Imaginons...

Imaginons qu'en France, une prise de conscience populaire fasse que les peuples ont finalement réalisé que certains pillages des ressources terrestres aient depuis quelques décennies sciemment dérégulé l'équilibre de la planète.

Imaginons que, même si les médias, les politiques, ou le chien de notre voisine n'aient plus, depuis un bail, notre confiance en l'information suprême, nous soyons bien obligé, en mettant simplement le nez dehors, de constater qu'il y a, forcément, quelque chose qui change, là, tout près de chez nous.
Et pour peu que l'on soit curieux, en cherchant un peu dans les archives historiques ou géographiques, on prend peur : Où sont passés ces espèces animales, végétales, autrefois familières à certaines régions ? Certaines ont fui sous d'autres latitudes, d'autres ont finalement  disparu des souvenirs des anciens.
Nous sommes en 2007, la prise de conscience existe, il n'y a pas grand chose à imaginer. Si chacun prend peu à peu conscience du péril, une sorte de sourde rébellion populaire prend néanmoins forme : Ras-le-bol de nous culpabiliser, alors qu'en haut, les décideurs ne font rien, comme d'habitude. Ras-le-bol de nous demander d'éteindre le mode veille du lecteur DVD alors que sous nos fenêtres, quarante mille lampadaires brillent de tous leurs feux chaque nuit. Par exemple.

Nos politiques ont toujours été les champions des donneurs de leçons au peuple, sans pour autant appliquer les-dites leçons eux-mêmes. Mais avouons tout de même que ça nous arrange quelque part. Il est toujours plus facile de monter en épingle un exemple de mauvaise foi évidente pour se rassurer et s'excuser de notre réticence quotidienne à faire des efforts que personne ne verra. Les décideurs, eux, n'ont aucun scrupule à opter pour la facilité de décisions coercitives qui, d'une part, ne les engagent qu'au minimum et, d'autre part, ne comportent aucun risque pour leur carrière.

Imaginons un peu plus fort...

Imaginons qu'en France, les politiques prennent lentement conscience que, l'avenir étant tout de même notre futur (et inversement) et accessoirement le leur, il serait peut-être plus qu'assez tard pour commencer à infléchir une politique générale vers une lutte contre les dérèglements climatiques. Comme l'un des deux secteurs responsables du phénomène (au moins en France) est celui des transports, toute remise en cause nécessite d'abord de leur part un passage obligé au confessionnal.
Difficile pour des politiques ayant prôné depuis cinquante ans le symbole de progrès inégalé qu'est l'automobile, l'autoroute ou l'avion, d'affirmer aujourd'hui exactement le contraire ! On a beau ne pas les aimer, nos politiques, on imagine assez facilement leur embarras... Les pauvres !

"- Alors comme ça, le champion toutes catégories du développement durable, c'est le train ?"

- Oui, Monsieur le ministre."
- Le TGV, vous voulez dire ?!"
- Pas seulement, Monsieur le ministre."
- Le train, le train... Ce bidule poussif  avec une locomotive et des wagons, qui fait de la fumée dans nos campagnes en grinçant sur des rails en fer ?"
- On a fait des progrès depuis, Monsieur le ministre. Enfin... On aurait dû."
- Voyons, mon brave Victor, allez me trouver un moyen de transport écologique si vous voulez, mais un peu plus fun. Le merroutage, le tramway, la voiture à combustion, le train magnétique, que sais-je encore ? Comment voulez-vous que je sois réélu en prônant le développement d'un moyen de transport qui a deux siècles !?"
- C'est facile à remettre en service, Monsieur le ministre. Facile et pas cher, comparé au reste..."

Et nos politiques se penchent finalement sur une vieille carte sortie des archives, représentant ce qui reste du réseau ferroviaire national, que voici :



Les projets avancés

Peu à peu, les décideurs remettent des axes ferroviaires en service, en les modernisant.
C'est difficile à imaginer ? En fait, non. C'est ce qui se passe. Enfin, partiellement. Souvent, quelques images sont plus parlantes que tous les discours...

1
Zoomons sur le quart Sud-est de notre beau pays. De Lyon... A Turin. Europe oblige :
2
En toute logique, la première chose à faire pour reconstituer un schema de transport cohérent est de placer les grandes villes et leur population respective. Il ne s'agit pas de (re)créer des axes qui vont de nulle part à ailleurs, pour le seul plaisir des ferrovipathes!
Seules les villes de plus de 50.000 habitants sont représentées; la population indiquée est celle "hors agglomération" et a une valeur indicative.
3
Les plus pessimistes croient que la réorientation du schéma de transports vers le ferroviaire n'existe pas en France. Heureusement, il n'en est rien.
De grands projets de modernisation existent, même si les rivalités politiques font qu'ils avancent à pas d'escargot.
Sur cette carte sont indiqués les projets avancés: En vert, ceux déjà réalisés (la ligne LGV Lyon-Marseille).
En rouge, ceux en phase de développement:
La ligne Valence-Grenoble ((re)mise en double voie, électrification)   VOIR ICI
La ligne LGV Côte d'Azur (création de ligne en zones à forte densité de population, le processus est long...)    VOIR ICI
L'axe transalpin Lyon-Turin (en phase de réflexion, un processus également long car nécessitant l'accord de deux pays)    VOIR ICI
La liaison Marseille-Aix-Digne, sorte de RER Marseillais pour le désenclavement du nord-est de la ville.    VOIR ICI et ICI
4
En traçant des axes (en jaune) suivant les projets avancés, on peut en tirer deux conclusions :
Tous les projets concernent les liaisons au départ de deux métropoles : Lyon et Marseille.
La ville de Nice, bien que possédant autant d'axes ferroviaires que Marseille (Est, Ouest, Nord-est, nord-ouest), se trouve totalement prvée d'accès vers le nord et dépend totalement de Marseille.

L'enclave niçoise

Et force est de constater que Nice, cinquième ville de France, capitale de la Côte d'Azur, se retrouve isolée, enclavée... A se demander même que, si la Méditerranée n'était pas là, la LGV ne passerait pas bien plus au sud, histoire d'éviter cette ville qui ignore superbement son potentiel en voies ferrées.


Les causes de cet isolement niçois sont faciles à trouver.
1- La France est découpée en Régions, dont chaque Préfecture aime à tirer les couvertures à elle. Les deux grands noeuds ferrovaires correspondent "comme par hasard" aux deux préfectures.
2 - Chaque département qui composent une Région peut infléchir une politique générale en faveur de sa paroisse, si tant est qu'il ait saisi l'importance de cette politique. Et décideurs des Alpes-Maritimes ont prouvé en trente ans (par l'intermédiaire du SYMA et des Chemins de fer de Provence)  qu'ils ne voient dans le train qu'une source de dépenses inutiles.
3- Logiquement, on commence par développer les axes les plus peuplés. Ce qui est vrai pour la LGV Lyon-Marseille, pour la LGV Côte d'Azur et l'axe Lyon-Turin. Ce qui commence à devenir totalement faux pour la liaison Valence-Grenoble, Marseille-Aix, les extensions vers Digne... sans oublier ce qui n'est pas indiqué sur la carte : La liaison Carnoules-Aix;  la liaison Avignon-Carpentras; la liaison Cavaillon-Pertuis; l'étrange projet de réactivation de l'Alpazur entre Grenoble et... Marseille !?    VOIR ICI


De l'Alpazur aux Merveilles : les axes nord

Ah ! L'Alpazur ?
Voici une liaison qui n'a jamais été exploitée correctement, et, dans le meilleur des cas, en train touristique. Lorsque jadis, on pouvait, avec un seul billet et un seul changement de train, relier Nice à Genève. Rappelons-le, c'était l'un des buts lors de la construction des Chemins de fer de Provence, il y a un peu plus d'un siècle. Une transversale pour désenclaver Nice et relier l'extrême sud-est à Lyon, Genève, Paris, sans le détour impressionnant par Marseille.
Le TGV saura-t-il rendre dispensable cette "diagonale du fou" (voir Edito)? Pas si sûr. Car, quelles que soient les décisions politiques, la ligne droite a toujours été le plus court chemin d'un point à un autre, et en matière de transport, la ligne droite, même si elle n'est pas toujours la plus rapide, est forcément la moins chère : Economiquement et énergétiquement.
Or,ce qui est vrai pour un passager est encore plus vrai pour le fret. Les marchandises n'ont pas toutes un intérêt vital à voyager le plus vite possible. Mais nous avons tous intérêt à ce que leur transport revienne le moins cher.

Dans le tableau ci-dessous, nous pouvons nous rendre compte de l'intérêt, pour Nice, de l'optimisation des liaisons existantes vers le nord. Il s'agit ni plus ni moins, pour Nice, de recréer les axes qui sont en cours de rénovation pour Lyon et Marseille. A une échelle plus modeste, sans doute.
Pour reprendre une analogie entre la route et le rail, les liaisons TGV sont les autoroutes du rail. Pour Nice, il s'agirait sans doute d'établir deux belles nationales, vers le nord-est (Turin) et vers le nord-ouest (Lyon, Genève, via Grenoble). Pour le moment, nous n'avons que deux voies ferrées dans un état pitoyable.
Les investissements ne sont pas colossaux : Il faut rénover les voies, les entrentenir et acheter du matériel. Mais surtout, que les intervenants s'entendent au niveau des horaires et des correspondances, afin que cesse le plus rapidement possible les aberrations qui ont atteint cet hiver des summums de débilité profonde (voir Article).


On peut trouver ce plan logique, mais pour autant rester sceptique quant au potentiel de ces liaisons ferrées. Or, parfois anecdotiquement, le plus souvent en dépit du bon sens, le potentiel de l'Alpazur, la liaison "nord-ouest", a été testé avec succès (trop de succès?), pourtant en des périodes où le train n'était pas "à la mode".
La liaison voyageurs a amené un supplément de voyageurs de 20% sur la ligne Nice-Digne.
Le test de transport de wagons SNCF sur la voie métrique a été, lui aussi, concluant.

Serions-nous alors en bonne voie ? Non. Les décideurs locaux, dans les Alpes-Maritimes, n'ont toujours pas compris l'importance, ne serait-ce que pour Nice, de ne pas rater le train du futur. Pour eux, les partisans du ferroviaire sont toujours de grands enfants jouant au petit train. Les investissements dans les Alpes-Maritimes se font toujours pour les routes.


Source : http://www.cg06.fr/transport/transports-chiffres.html


Dans une décision du Conseil Général du 6 novembre 2006 (toujours disponible en vidéo), concernant le passage en rive droite du Var des Chemins de fer de Provence (dans la paine du Var), Alain Frère, du Conseil Général, a bien insisté sur la nécessité de passer le train en rive droite pour une question de sécurité... routière. En giclant ce train sur l'autre rive et récupérer l'emprise ferroviaire, le Conseil Général pourra élargir la route. Pour nous, la France avance... à reculons !


Histoire du Futur

Sans doute, dans les livres d'Histoire, nos petits-enfants auront quelques lignes montrant l'indigence profonde de ce département, qui, au lieu participer à l'investissement dans un moyen de transport propre et performant qu'il a sous les yeux, a préféré se réfugier dans des préceptes des années 70 (l'autoroute et l'avion).

Le réveil des Alpes-Maritimes se fera-til un jour ? Il faudra peut-être secouer un peu plus nos élus, car les décisions pour les années futures se prennent ici... Et maintenant.