Coordination des Clients des Chemins de fer de Provence - "Faire de ce Train la fierté de la Provence !"
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Compte-Rendu Créé le 16/03/07 Politique 
votre commentaire ? par William Waechter

55 MILLIONS...
et moi, et moi, et moi !
Compte-rendu de la Conférence-débat du 15 mars 2007

Le jeudi 15 mars à midi, la Région PACA a tenu une conférence-débat sur le thème "Les Chemins de fer de Provence : un nouvel enjeu pour la Provence-Alpes-Côte d'Azur" au beau milieu de la foire de Nice. Coup de folie ou rendez-vous de longue date dont l'échéance tombe au plus mal? Les Chemins de fer de Provence connaissent actuellement une crise, un manque de matériel roulant tel qu'aucun précédent historique n'ait eu lieu : Pas assez de trains, aucune progression de la fréquentation (et pour cause...), la plupart des liaisons Nice-Digne effectuées en car. La menace de fermeture, au pire, ou de nouveaux ralentissements, au mieux, pèsent sur nos têtes, la vétusté des rails et leur usure exagérée font que la ligne traverse une crise bien sombre, dont on ne peut voir, peut-être, le bout du tunnel que dans deux ans. Si et seulement si la Région prend sérieusement les choses en mains. Ce qui, finalement, sera peut-être le cas.


LE DECOR

Au beau milieu du hall principal de la Foire de Nice, au beau milieu de la journée, dans un brouhaha constant, et dans une moitié du stand - assez imposant, il faut le dire - de la Région, on ne peut pas dire que le lieu se prêtait admirablement à une conférence-débat. Les invitations ayant été tardives et - volontairement ou non - très ciblées (le syndicat des cheminots, moi-même, et sans doute d'autres n'ont pas été invités), l'assemblée était représentée essentiellement  par un parterre d'élus, maires des communes traversées par la ligne, représentants du Conseil Général des Alpes de Haute Provence et quelques associations. A noter que lesdits élus ont pris le Train des Pignes, qui était bondé comme de coutume. Ils ont ainsi pu toucher du doigt le problème du manque d'autorails. A la tribune, Messieurs Patrick Allemand (1er vice-président du Conseil Régional, groupe Socialiste), Gérard Piel (vice-Président du Conseil Régional délégué transports, groupe Communiste) et Edgar Malaussena (Membre du Conseil Régional, maire de Villars-sur-Var, groupe Verts) ont tour à tour pris la parole, puis ont suivi les questions de la salle.


PRISE DE CONSCIENCE

Il ne pouvait en être autrement, mais ça va mieux en le disant, les orateurs successifs ont commencé par faire le point sur la situation catastrophique de la ligne. L'état des rails (vétustes), le matériel (hors d'âge) ont été pointés du doigt. Comme de coutume en cette situation, les élus se sont rangés comme un seul homme derrière le fait que la Région vient de prendre en mains la ligne, donc la faute en revient aux "autres". C'est de bonne guerre politique, avouons-le, mais plus ou moins convaincant pour le public averti. Le Syma a géré la ligne de 1968 à 2006 et a été un frein incroyable à toute évolution de la ligne, surtout ces vingt dernières années, c'est un fait indéniable. Mais la Région a pris une part de plus en plus importante à la-dite gestion, notamment ces dernières années. Même freinée par un consensus qui ne pouvait être trouvé, elle aurait pu anticiper la modernisation avant d'en arriver à la situation catastrophique d'aujourd'hui. C'eût été sans doute une erreur stratégique (l'autre camp politique aurait bénéficié des retombées) mais aurait évité tous les tracas que connaissent et connaîtront bientôt les usagers de la ligne. Pour preuve, les autorails neufs ont bien été commandés par la Région avant 2007, non ?

La prise de conscience a fait que les griefs des représentants d'usagers contre la situation actuelle ont été vite balayés, d'autant plus vite que Gérard Piel s'est empressé de proposer une batterie de mesures "à mettre en place rapidement".


LES BONNES NOUVELLES

Commençons par le meilleur, puisqu'il y en a. Le budget pour le plan 2007-2013 des Chemins de fer de Provence a été revu à la hausse, et doublement. D'une part, l'enveloppe est passé de 49 millions à 55 millions d'euros. Pour rappel, ce budget avait initialement été estimé entre 50 et 60 millions d'euros (avec participation de l'Etat) avant d'être ramené à 35 millions d'euros (non participation de l'Etat), puis fixé à 49 millions (deux tiers par la Région, un tiers par l'Europe (FEDER)). Ce coup de pouce supplémentaire de 6 millions est donc une surprise, et bienvenu.
Le coût des autorails neufs commandés n'est pas inclus dans ce budget (on le savait déjà) mais mon inquiétude venait du projet de passage en rive droite de la ligne, qui aurait avalé une bonne partie de la somme allouée. La seconde surprise vient donc du fait que le passage en rive droite (voir article) sera financé "autrement". Le compte-rendu de l'étude faite à ce sujet sera rendu public dans une quinzaine de jours.
Gérard Piel nous a également assuré avoir contacté les Chemins de fer Corses pour une location d'autorails "en attendant", ainsi que les Chemins de fer du Jura.  La CCCP a lancé indépendamment en début de semaine un avis de recherche mondial de matériel d'occasion (en 4 langues) qui sera bientôt reproduit sur ce site.

A prendre avec plus de précautions par contre est l'annonce fracassante comme quoi les rails allaient être remis à neuf sur la totalité du parcours... Je préfère, ici, juger sur pièces, rendez-vous en 2013 pour faire le point.


LE SUSPENSE ?

Nous avons le vrai suspense... et le faux ! Faux suspense, comme les vieux serpents de mer qui reviennent régulièrement. Ici, Gérard Piel a (trop?) longtemps insisté sur le fait que cette ligne "devait" être raccordée au tramway de Nice au niveau de l'ancienne gare du sud. Est-ce vraiment une volonté (qui n'est d'ailleurs pas partagée par le maire de Nice) ou une stratégie face à un public convaincu d'avance ?
Le vrai suspense vient d'une déclaration non suivie de chiffres. En début d'allocution, Patrick Allemand (enfin, je crois que c'est lui...) a annoncé une commande conséquente d'autorails neufs. Puis, plus rien. N'ayant pas eu l'occasion de poser ma question (trop loin, trop mal placé, et surtout à moitié abruti par le haut parleur à 40 cm de mes oreilles), j'ai envoyé un e-mail aux intéressés. J'espère que ce ne sont pas les deux autorails (+ 2 options) qui sont considérés comme "conséquents", ou il y a de quoi rire.
Un autre vrai suspense vient du manque de clarté concernant la gare multimodale de Nice à Saint-Augustin. Bien malin celui qui a compris si les Chemins de fer de Provence allaient être prolongés jusqu'à cette gare ou non. Selon mes sources, la Région ne semble pas prête à l'action sur ce point. D'autant que la CANCA (Communauté de communes de Nice) se propose de relier la gare multimodale aux CP par un tramway (sur une distance de cinq kilomètres). Redoutable erreur historique si elle se concrétise, mais ici, on parle plus d'argent que d'intelligence...


LES MAUVAISES NOUVELLES

Balancer une mauvaise nouvelle aussi froidement qu'une bonne est une des spécialités de Gérard Piel : La ligne ferroviaire de Digne à Saint-Auban ne sera pas rétablie. Pire : C'est même le seul dossier ferroviaire de la région qui ne donnera pas suite. Même si mes récents échanges de courriers avec un responsable RFF en charge de cette étude m'ont fait craindre le pire, la douche a été froide. Le motif invoqué a été la priorité de réalisation d'une bretelle d'autoroute vers Digne (malgré l'avis négatif de la Région) et le refus de particpation des autres collectivités à la liaison ferroviaire. Selon mes sources, le motif est tout autre : La ligne traverse de part en part l'usine chimique de Château-Arnoux qui, si elle agonise peu à peu, est toujours classée Seveso 2, donc à haut risque. Un transport public au beau milieu ferait sans doute désordre.
Concernant ce bout de ligne de 20 kilomètres, qui permettrait une jonction avec la ligne Marseille-Grenoble, une autre raison de cet abandon est surtout que son intérêt n'est toujours pas entré dans les moeurs, et particulièrement dans celles de nos chers décideurs (hormis, on s'en doute, les élus de Digne). La "diagonale du fou" ne convainc pas (voir articles "la diagonale du fou" et "la mort du Nice-Grenoble"). Nous avons donc sept ans supplémentaires pour changer les mentalités.


DIVERS BRUITS DE COULOIR

Le lieu ne se prêtait pas aux bruits de couloirs et annonces officieuses, pourtant c'est du côté de l'exploitant et de son staff dirigeant que j'ai eu quelques pistes confidentielles... Comme quoi, tout arrive!
La remise à neuf des rails : La Région serait acculé à agir rapidement, à commencer par la fermeture du tronçon Nice-Lingostière, la dépose des rails centenaires, et la reconstruction complète de la plateforme et de la voie, ainsi que la mise au gabarit des tunnels pour le passage des caténaires. La durée de la fermeture serait évaluée entre trois et six mois. Selon l'exploitant, la reconstruction s'effectuerait en rails lourds soudés sur traverses en béton ou métalliques (???).
La jonction entre le tramway se ferait obligatoirement, puisqu'inscrite dans le PDU (Plan de Déplacement Urbain) de Nice. Si cette nouvelle est totalement crédible, je m'inquiète d'autant plus des décisions du maire actuel de Nice qui semble refuser la jonction avec la ligne 1 du tram (en allongeant la ligne des CP de 300 mètres) et préconise une jonction avec la future ligne 3 (en créant une ligne de tram de cinq kilomètres).

J'ai aussi eu droit à une anecdote surprenante : Des félicitations anonymes de deux membres de la direction de la CFSF concernant mon article "Série noire : Plus que 4!" (ce qui n'empêche pas qu'officiellement, la CFSF ignore le site de la CCCP) et une référence subliminale en plein discours de Gérard Piel au site par cette phrase : "Il y a cinq autorails en service en ce moment; j'ai même lu : Plus que quatre !".
Je vais monter un fan-club, si ça continue...

Sinon, évidemment, en attendant, au quotidien... Rien ne change !

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